« Les commerçants ont souvent été les grands oubliés de votre conception étriquée du modèle grenoblois »
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« Monsieur Safar,

On estime en effet qu’en France, en 40 ans, 1 commune sur deux a perdu ses commerces de proximité.

Sur la même période, les supermarchés sont passés de 0 à 8 400, et les hypermarchés de 0 à 1 200.

Aujourd’hui, en France, 8% des commerces de centre-ville sont inutilisés. Ces chiffres explosent quand on regarde ce qui se passe dans les quartiers en difficulté.

Le nombre d’épicerie a été divisé par 6, le nombre de bouchers a été divisé par 3, la moitié des boulangeries et des vendeurs de prêt-à-porter ont disparu.

Cette tendance nationale lourde, qui se chiffre en centaines de milliers d’emplois supprimés, n’a pas épargnée Grenoble. Au lieu de réagir et d’innover, aucune politique à la hauteur des enjeux n’a été mise en place.

Ces 10 dernières années, Grenoble a pris du retard, beaucoup de retard. A bien des égards, les commerçants ont bien souvent été les grands oubliés de votre conception étriquée du modèle grenoblois.

On pourrait débattre longtemps, les chiffres parlent d’eux même entre 2008 et 2013, Grenoble a perdu pas moins de 9 600 emplois (soit 8%).

Sans doute ces grenobloises et ces grenoblois n’étaient-ils pas assez porteurs pour les classements internationaux, pas assez innovants ou pas assez ouverts à l’international à votre gout.

Devant les Grenobloises et les Grenoblois, nous avons pris l’engagement de ramener de la vie, de l’emploi et de l’activité dans la ville, là où des générations de décideurs publics se sont acharnées, au nom de la modernité, à tout concentrer dans des grandes surfaces, en dehors des villes.

C’est la raison pour laquelle j’ai fait le choix de nommer un adjoint au commerce de proximité, Pascal Clouaire. C’est une première dans l’histoire de Grenoble. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons fait le choix d’ouvrir les assises du commerce, l’expression a été élaborée avec l’ensemble des partenaires.

Ces assises, ce n’est pas un prétexte pour continuer à ne pas agir, pour encore repousser les problèmes. Il faut aller de l’avant. C’est une plateforme ou l’on partage les diagnostics, les urgences, et nous l’avons fait. C’est aussi une plateforme pour échanger sur les façons de rattraper le retard accumulé depuis de trop nombreuses années, là où d’autres grandes villes européennes prospères se démarquent. Ce qui marche ailleurs peut nous inspirer ici.

Aujourd’hui, les défis du commerce de ville sont immenses : comment survivre et prospérer face à la concurrence des grandes surfaces ? Face à internet ? Sur internet, il n’y a pas d’embouteillage, pas de temps de trajet, pas d’horaire d’ouverture, pas de file d’attente le samedi. Il est urgent de bâtir des complémentarités avec internet, ou bien le commerce continuera de perdre du terrain.

Le défi que nous avons à relever, et c’est l’une des vocations des assises, c’est bien celui de la plus-value, de l’attractivité du commerce de ville dans un contexte où les vents contraires sont nombreux. Ce qu’on appelle la « commercialité ».

Se battre pour le commerce de ville, c’est agir pour lui redonner de la visibilité. C’est ce que nous avons fait il y a un an, en retirer les dispositifs publicitaires qui ne servaient essentiellement que les grandes enseignes en dehors de Grenoble.

Se battre pour le commerce de ville, c’est agir pour donner envie aux habitants de sortir de chez eux, et de venir faire leurs achats dans leur quartier. C’est l’un des chantiers des assises, de travailler sur l’espace public jusqu’au point de vente.

Au sein de la métropole, nous avons engagé un travail sur la logistique urbaine, ainsi que sur le développement de l’offre de services et de distribution au MIN.

Pour toutes ces raisons, la ville de demain, le centre-ville et le cœur de la métropole doivent être plus accessibles, plus conviviaux et ils doivent aussi répondre aux besoins des populations qui sont les mieux disposées à consommer.
Aujourd’hui, les études de l’ADEME et du Ministère de l’Ecologie sont formelles : non, ce n’est pas l’automobiliste qui consomme le plus en ville. Il nous faut rattraper notre retard, comme d’autres grandes villes de France et d’Europe l’ont fait.

Sur ces questions qui, par leur ampleur, concernent l’avenir de notre ville, il y a deux approches :

– Ou bien freiner, bloquer, refuser de changer. Préférer conserver les disfonctionnements actuels plutôt que le mouvement. Ce fut le choix des opposants de Dubebout, lorsqu’il s’est engagé à piétonniser le centre-ville dans les années 70. Ce fut le choix des opposants de Dubedout lorsqu’il s’est engagé à ramener le tram à Grenoble.

– Ou bien aller de l’avant, regarder ce qui marche ailleurs, aller dans le sens de l’histoire, saisir les opportunités, mobiliser la ville autour des grands projets qui vont la transformer et l’améliorer.

Nous constatons ce soir, monsieur Safar, que vous avez fait le choix du conservatisme. Vos ainés, en leur temps, ont fait d’autres choix.

Pour conclure, nous aurons l’occasion d’annoncer prochainement, dans le prolongement des assises du commerce, des dispositifs d’action concrets pour accompagner les commerçants : en terme d’espace public, de logistique urbaine et d’aménagements structurants de la ville. »

Une réflexion au sujet de “« Les commerçants ont souvent été les grands oubliés de votre conception étriquée du modèle grenoblois »

  1. Il est significatif que Mr Safar Jerome et ce qu’il représente prenne les positions les plus rétrogrades et les plus démagogiques à propos de commerce. Le commerce en centre ville comme en périphérie doit être revivifié et réorienté par des politiques concertées aussi innovantes et mesurées quant à leurs effets que pruudentes face aux mutations imposées par le e commerce, le développement des grandes et moyennes surfaces (contrôlées d’ailleurs par le même type de capital. Le petit commerce doit par exemple être protégé vis à vis des stratégies de grands groupes qui investissent depuis longtemps la diffusion dans des petites succursales suivant le modèle de l’épicerie mais profitant aux grandes enseignes. L’aménagement intelligent de la rue, l’organisation de la concertation, la réflexion stratégique et concertée sur la maîtrise de l’avenir imposent une approche intégrée du commerce à l’intégration de l’ensemble des quartiers déployées à de larges échelles, permettant la vivification des périphéries, des liens entre quartiers résidentiels et centralités. Elle doit se raccorder aux politiques de logement, d’animation, de créativité, d’intégration et de développement pour aller vers un usage partagé et toujours dynamisé de l’espace public.

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