Tranquillité publique : « tourner le dos aux fantasmes sécuritaires pour enfin oser l’efficacité »
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 » Vous dites, Monsieur Cazenave que la tranquillité publique, qui est une exigence légitime de nos co-citoyens, doit enfin « être abordée à la lumière de la réalité », loin « des effets de manches et des postures convenues ».

Je salue le « coming-out » que vous faites en public ce soir, quand vous dénoncez les habitudes de votre famille politique, malgré quelques tournures maladroites. Ce n’est jamais simple.

La tranquillité publique, vous avez raison, doit tourner le dos aux fantasmes sécuritaires et aux raccourcis habituels… pour enfin oser l’efficacité.

C’est bien dans cet état d’esprit, en regardant les difficultés en face, que nous travaillons avec Elisa Martin, 1ère adjointe, avec la police municipale, avec la préfecture et la police nationale, avec la société civile, depuis 18 mois.

Dans votre question vous reconnaissez, et à juste titre, qu’en sous-effectif la police nationale doit redoubler d’énergie pour bien faire son travail. Cette situation impacte les réponses aux urgences qui nuisent au quotidien des Grenobloises et des Grenoblois.

Cela est vrai à Grenoble comme sur l’ensemble du territoire national, les fonctionnaires de police souhaitent simplement pouvoir exercer leur métier dans de bonnes conditions. Entre 2007 et 2012, la France a perdu 9 000 policiers nationaux (rapport de la Cour des Comptes de mars 2013). 13 000 selon le Syndicat de Police Unité SGP Police. A Grenoble, nous avons perdu 120 policiers nationaux en 10 ans ! Au rythme actuel des réformes, il faudra attendre 2030 pour seulement retrouver le niveau d’effectifs de 2007 !

Malgré ce déficit, la Ville de Grenoble continue son travail de coordination.

Au sujet de la police municipale en revanche, avec 5 policiers municipaux pour 10 000 habitants, Grenoble se situe au même niveau de présence humaine que Toulon, Strasbourg ou Lille et est nettement au-dessus de Bordeaux, une ville qui vous est chère je crois, de Montpellier ou bien de Toulouse. Nous sommes dans le TOP15 des villes les plus équipées en police municipale.

Notre projet de service est clair : nous souhaitons une police municipale au milieu des habitants. Nous avons déjà commencé par la modification des horaires du matin, puisque désormais les agents commencent à 7h du matin. Nous avons également renforcé l’accompagnement de ceux-ci.

Vous trouvez qu’il manque des fonctionnaires ? Nous voulons effectivement augmenter la présence humaine. Hélas la baisse des dotations de l’Etat, 21 millions d’euros entre 2013 et 2017, qui s’intègre au plan national de réduction des déficits (12 milliards pour les collectivités territoriales), un programme soutenu et revendiqué dans une version encore plus violente par votre famille politique, nous contraint à stabiliser notre capacité d’embauche pour l’ensemble de l’administration.

Le 14 juillet dernier, j’ai eu l’occasion de faire remonter au ministre de l’intérieur les besoins de notre territoires : à la fois en terme d’effectifs, afin de compléter le dispositif d’opérations coup de poing par d’avantage de présence humaine au quotidien. Je lui ai également fait part de nos besoins en terme d’évaluation de la ZSP, inconnu jusqu’à aujourd’hui.

Dans ce contexte, nous sommes néanmoins parvenus à étendre notre dispositif de correspondants de nuits au village olympique, en lien avec les habitants du quartier.

En revanche, voulant croire au sérieux de votre revirement idéologique en matière tranquillité publique, je vous indique qu’une erreur s’est glissée dans votre question orale.

Surement mal conseillé, vous dites que Grenoble détient le « podium national de la délinquance ». C’est peut-être vrai sur M6, tard le dimanche soir, et encore …. Dans la réalité c’est bien sur faux : vous pouvez consulter les chiffres du ministère de l’Intérieur : je ne prendrai que trois points : cambriolage (+ 9,4%), atteintes aux personnes (+ 15%) ou encore de vols avec violences (+38,2%). Nous sommes dans la moyenne nationale, ni plus, ni moins.

Nous sommes tous conscients, ici, des problèmes de sécurités liés au grand banditisme et au trafic de drogue.

Etre dans la moyenne, est-ce satisfaisant ? Bien sûr que non ! Cela oblige l’ensemble des responsables publics (Ville, Préfecture, Etat, société civile) à toujours plus coordonner leurs actions au quotidien, à se serrer les coudes dans un contexte budgétaire très contraint. A affiner les diagnotics aussi :

En lien avec la préfecture, nous allons procéder à une enquête de victimation à l’échelle métropolitaine afin d’apprécier plus finement la situation pour collecter d’avantage d’informations.

Enfin, et c’est aussi une des clés de la politique grenobloise : rompre avec les raccourcis, rompre avec les échecs habituels en matière de tranquillité publique, oser l’efficacité, c’est aussi élargir notre action à l’ensemble des compétences communales, et ne pas s’enfermer dans une question de dispositif policier, bien que celle-ci soit indispensable.

Deux exemples concrets :
Sur l’errance, la fermeté de la police municipale a été réaffirmée mais ce n’est pas suffisant : en lien avec le monde associatif, nous avons lancé des maraudes afin de mieux connaitre les publics et agir.

Sur la prostitution, outre les outils classiques de contrôles organisés par la Police nationale et la police municipale, nous avons lancés le travail avec les associations auprès des publics prostitués et les habitants. Nous travaillons également à une campagne ciblée contre les clients.

Agir pour la sécurité c’est tout cela à la fois : faire vivre ce travail de coordination entre les différents services et les différents acteurs, dans le cadre d’une politique globale de tranquillité publique.

Il faut tenir tous les bouts du pacte républicain : travailler à la fois sur la prévention, sur la répression et sur les causes. Nous continuerons à faire notre travail, en lien avec tous les partenaires, et à nous faire les portes voix des besoins en effectifs de la police nationale et de la police municipale. »

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