A l’occasion du vœu déposé par le groupe « Les Républicains – UDI – Société Civile » sur le conflit israélo-palestinien, le groupe majoritaire réaffirme son positionnement à ce sujet et expose les raisons qui l’ont amené à repousser ce vœu.
De façon générale, la Ville de Grenoble, par son action internationale, porte des valeurs de paix et d’ouverture, sur son territoire comme dans sa relation avec ses partenaires internationaux. Elle privilégie une approche favorisant l’émergence des sociétés civiles, renforçant la gouvernance locale, prenant en compte l’accès aux droits fondamentaux, œuvrant pour un développement local et durable, respectueux des ressources et des cultures.
Dans sa tradition d’ouverture et d’échange avec le monde, la Ville de Grenoble a établi très tôt des relations institutionnelles avec 19 villes dans le monde, prolongeant la plupart du temps des relations préexistantes de société civile à société civile. C’est le cas du jumelage avec Rehovot, signé en 1984, et du jumelage avec Bethléem, lancé en 1996.
Dans le cadre de ces deux jumelages, des projets de coopération sont menés chaque année, mobilisant le tissu associatif grenoblois : projets culturels, éducatifs, sanitaires, économiques. Ces projets sont appuyés et accompagnés par le Ministère français des affaires étrangères et du développement international, via l’Ambassade de France à Tel Aviv et le Consulat général de France à Jérusalem. La Ville de Grenoble s’aligne sur les engagements diplomatiques de l’Etat français dans la région, et perçoit des recettes pour les projets menés sur le terrain.
A Bethléem, une des actions phares est le développement d’un tourisme facteur de développement local et durable, par la valorisation de l’artisanat local, produit notamment par les femmes, ou la création de circuits de randonnée avec formation de guides et développement d’un hébergement chez l’habitant.
A Rehovot, pour ne prendre qu’un exemple, ce sont les échanges entre travailleurs sociaux des quartiers Kyriat Moshe, Mistral et Teisseire. C’est aussi l’accueil en juillet 2016 de cinq musiciens israéliens de Rehovot pour la Biennale de l’international Divercities, que la Ville de Grenoble organise.
Au-delà des deux jumelages, la Ville de Grenoble favorise les échanges et les débats autour de la paix en Israël et Palestine, en lien avec plusieurs associations locales.
Pour la seule année 2015, on peut citer l’organisation, à l’hôtel de Ville de Grenoble ou à la Maison de l’international : d’une rencontre avec l’association des « Familles endeuillées Israélo-palestiniennes » le 26 mars, la commémoration de l’assassinat de Yitzhak Rabin le 7 novembre, la rencontre entre les équipes de foot d’Abu Gosh et du FC Mistral le 20 mai, la conférence d’Antoine Sfeir « Le Moyen-Orient dans la tourmente » le 4 février…
En 2016, avec l’association pour un judaïsme pluriel, un temps fort a été organisé à la Maison de l’international le jeudi 11 février. Jeudi dernier, à la Maison de l’International, une belle soirée à eut lieu autour des sentiers d’Abraham, parcours de randonnée avec logement chez l’habitant.
Est d’ores et déjà programmée, une rencontre exceptionnelle avec les associations israéliennes pour la paix en novembre à l’occasion de la Semaine de la solidarité internationale, en partenariat avec le Cercle Bernard Lazare.
- Sur la question des relations institutionnelles
Si la dynamique associative ne faiblit pas, permettant de multiplier les échanges entre artistes, étudiants, acteurs de la paix, les relations institutionnelles restent paramétrées par les positions politiques prises par les partenaires.
En ce sens, les relations institutionnelles avec la Ville de Bethléem ont été ralenties quand des membres du Hamas faisaient partie de la majorité municipale, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Les relations institutionnelles avec Rehovot sont en sommeil depuis déjà plusieurs années, cela date d’avant 2010. Cela continuera. D’ailleurs, depuis son élection, l’actuel maire de Rehovot n’a pas souhaité accueillir les délégations officielles de Grenoble lors de leurs nombreux passages en Israël (en 2009, en 2012, en 2013).
Maire de Rehovot, Rahamim Malul est membre du parti ultra-orthodoxe Shas, qui a en effet fait des déclarations contre la solution d’une paix à deux États. Ce qui n’est pas la position officielle de l’Etat français depuis plusieurs années, telle que réaffirmée aux dernières Assises de la coopération franco-palestiniennes les 22 et 23 octobre à Paris, auxquelles a participé la Ville de Grenoble.
Les relations avec les associations de Rehovot, promouvant la paix, restent néanmoins très actives, tout comme les relations entre l’Institut Weizman de Rehovot et l’Université Grenoble Alpes. La Ville de Grenoble et sa direction de l’action internationale gardent des échanges hebdomadaires avec les membres les plus constructifs du Comité de jumelage, ainsi qu’avec la société civile de Rehovot.
- Sur le boycott
Pour rappel, les collectivités locales françaises doivent respecter les positions et engagements internationaux de la France (loi du 7 juillet 2014).
La France considère que le conflit ne pourra être résolu que par la création d’un Etat palestinien indépendant, viable et démocratique, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël. La solution de deux Etats est l’unique option permettant de répondre aux aspirations nationales des Israéliens et des Palestiniens. C’est également la position de la Ville de Grenoble.
La France a voté en faveur de l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO comme Etat membre en 2011 et en faveur du statut d’Etat observateur non-membre de la Palestine aux Nations Unies en novembre 2012. Elle condamne le développement des colonies et appelle au retour aux frontières de 1967.
Elle encourage les collectivités françaises à renforcer les compétences des collectivités palestiniennes en vue de la création du futur Etat. La ville de Grenoble s’inscrit dans ce processus dans sa relation avec Béthléem, de manière forte et ambitieuse.
Une circulaire aux procureurs datant de février 2010 – Michèle Alliot-Marie était alors Ministre de la Justice – visait spécifiquement les « appels au boycott de produits israéliens » et recommandait aux parquets d’apporter « une réponse ferme ». Ce fut chose faite par deux arrêts de la Cour de Cassation du 20 octobre 2015. La France est aujourd’hui l’un des rares pays du monde, et la seule démocratie, où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit.
Pour autant, depuis 2014, l’Union européenne ne verse plus de financements aux entités israéliennes ayant des activités dans les territoires occupés.
La France, le Royaume Uni, l’Espagne, l’Italie, ont publié en juin 2014 des messages à l’intention des investisseurs économiques dans les territoires occupés contre les risques juridiques et réputationnels liés aux activités économiques dans les colonies israéliennes.
Ce débat doit être porté par la société civile et tranché par la représentation nationale. Pour sa part, la Ville de Grenoble respectera la loi française et le code des marchés publics, comme elle le fait à chaque fois. C’est donc un non sujet à l’échelle municipale.
- Sur le vœu du groupe Les Républicains – UDI – Société Civile
Ce vœu n’est pas à la hauteur de l’enjeu, car il propose tout et son contraire sur un sujet très lourd, une terrible tragédie.
D’un côté, il demande que la Ville réaffirme son engagement à promouvoir des solutions pacifiques se manifestant par la coexistence paisible de deux Etat viables. Nous partageons cet objectif. D’un autre côté, il invite à ce que de façon systématique, monolithique, la Ville décide de poursuivre et de renforcer ses relations avec « les villes israéliennes et palestiniennes » sans distinction entre les municipalités du camp de la paix et celles qui défendraient d’autres options politiques.
Lorsqu’il s’agit de tragédies et de drames humains, il n’y a pas de place pour l’à-peu-près, pour l’ambiguïté, voire pour l’instrumentalisation politicienne.
C’est pour cette raison que ce vœu a été repoussé par la majorité qui, dans le même temps, réaffirme sa volonté de continuer à faire vivre les coopérations avec les peuples israéliens et palestiniens, à les rassembler autour d’une paix partagée à deux Etats.
2 réflexions au sujet de “Conflit israélo-palestinien : la majorité réaffirme son attachement à la paix et rejette les instrumentalisations politiciennes”
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Il aurait été intéressant d’avoir un lien vers le texte du voeu pour que le lecteur se fasse lui-même son opinion.
Merci pour ces infos détaillées et précises.