
Forte d’une longue tradition d’accueil de populations réfugiées ou expatriées, Grenoble recevra samedi 3 décembre les 1ers Etats Généraux des Migrations. L’occasion de revenir, avec Bernard Macret, adjoint aux Solidarités internationales, sur l’action volontariste de la Ville en faveur de l’accueil des réfugiés.
Grenoble organisera le 3 décembre les 1ers Etats Généraux des Migrations. De quoi s’agit-il exactement ?
Bernard Macret : Depuis quelques années, l’augmentation des flux de migrations à destination de l’Europe montre clairement l’incapacité de celle-ci à y répondre : le décalage entre la réaction allemande et la réaction française et la montée du repli pour soi montrent la nécessité d’une réflexion avertie sur ces questions. C’est l’objectif de ces 1ers Etats Généraux : permettre à des publics très divers d’approcher autrement les questions des migrations en réunissant des associations locales, des migrants et des experts nationaux tels que l’écrivain Daniel Pennac*, l’ancien député européen Daniel Cohn-Bendit, le maire de Grande-Synthe Damien Carême ou encore la chanteuse malienne Rokia Traoré, engagée pour la cause des migrants, qui clôturera ces Etats Généraux par un concert.
Ce n’est pas le premier évènement grenoblois consacré aux migrations cette année. Grenoble tente-t-elle de « montrer l’exemple » pour sensibiliser et informer ses habitants ?
Bernard Macret : En effet, ces Etats Généraux seront le point d’orgue d’une année 2016 marquée par une forte mobilisation de la Ville de Grenoble, des Grenoblois et du monde associatif visant à informer et sensibiliser un public le plus large possible. Entre le retour de la Quinzaine contre le racisme et les discriminations (sur thème « un autre regard sur les migrants »), un « repas d’ailleurs » syrio-libannais (servi dans les cantines de toutes les écoles grenobloises avec une animation visant à sensibiliser les plus jeunes), la biennale Traces (qui revient sur l’histoire, les mémoires et actualités des migrations dans toute la région), le festival Migrant’Scène (du 14 au 26 novembre), les conférences, les expositions… ce sont près de 25 évènements qui se sont tenus à Grenoble sur le thème des migrations.
En plus de ces actions de sensibilisation et d’information, la Ville de Grenoble agit concrètement pour l’accueil des migrants à travers la Plateforme Migrants. De quoi s’agit-il et qu’elles ont été ses résultats ?
Bernard Macret : En septembre 2015, le cliché du petit Aylan avait ouvert les yeux du monde entier sur la condition des migrants. En écho avec la mobilisation des citoyens, la Ville de Grenoble avait alors souhaité s’inscrire dans le mouvement d’accueil des réfugiés en ouvrant une plateforme de coordination avec Grenoble Alpes Métropole et les associations Migrants en Isère, la CISEM, la COMUE. Depuis, cette plateforme recueille les propositions d’accueil et d’aide des habitants volontaires, des associations… Ce sont au total plus de 400 propositions d’aide qui ont été faites par les Grenoblois : hébergement long ou temporaire, pour des week-ends, des vacances, mais aussi pour de l’aide juridique et administrative, pour de la traduction, des cours de français, des dons de vêtements… Qualifier Grenoble de ville solidaire n’est pas qu’une formule : c’est aussi une réalité qui se vérifie par cet élan d’humanité et de générosité de la part des Grenobloises et des Grenoblois envers des personnes fuyant les guerres et les conflits.
Cette mobilisation de Grenoble peut-elle servir d’exemple à l’international ?
Bernard Macret : De manière générale, Grenoble et l’ensemble de son territoire font preuve d’une mobilisation exceptionnelle reconnue dans toute l’Europe comme étant équivalente aux dynamiques créées en Allemagne, à une échelle pourtant bien différente. Si bien que Grenoble est invitée depuis plus d’un an à témoigner partout en France et que notre ville animera, en mars 2017 à Bruxelles, une table-ronde au Comité des régions autour des questions soulevées par les migrations. Mais notre but premier n’est pas de nous positionner comme modèle ou exemple : c’est d’abord de partager notre expérience avec d’autres territoires et d’apprendre également à leur côté pour améliorer encore ce que nous pouvons faire et perpétuer notre tradition de terre d’accueil.
*Auteur notamment de « Eux, c’est nous », ouvrage destiné au jeune public pour l’aider à comprendre la situation dramatique des réfugiés