Mission locale : 4500 jeunes grenoblois accompagnés chaque année sur le chemin de l’emploi
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Dans le cadre de la semaine nationale des Missions Locales, la Mission Locale de Grenoble organise jeudi 16 mars une journée d’animations destinée à faire connaître le travail qu’elle mène auprès des 16-25 ans sortis du système scolaire ou en difficultés d’insertion . L’occasion de revenir avec sa présidente, Maryvonne Boileau, sur le travail réalisé depuis 2014 dans un contexte de désengagement du Département.

Q : Les Missions Locales ont été créées en 1982, il y a 35 ans. Quel rôle jouent-elles auprès des jeunes ?

Maryvonne Boileau : Une Mission Locale est un espace d’intervention au service des jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire. Chaque jeune accueilli y bénéficie d’un suivi personnalisé dans le cadre de ses démarches vers l’autonomie et l’insertion. Notre rôle, c’est d’apporter des réponses aux questions de l’emploi, de la formation, mais aussi sur celles de la santé, du logement ou encore de la mobilité.

Q : Vous accompagnez chaque année près de 4500 jeunes. Combien d’entre eux trouvent un emploi grâce au soutien de la Mission Locale ?

MB : Chaque année, nous accompagnons plus de 4500 jeunes : près de 1300 d’entre eux trouvent un emploi et 450 autres une formation. Le rôle des conseillers emplois, de l’équipe de la Mission Locale et de la Garantie Jeunes est essentiel. Ces jeunes résident à 70% dans les Quartiers prioritaires de la Politique de la Ville. Un nombre important d’entre eux (50%) sont sortis du système scolaire avec un niveau 3e, parfois 4e ou 5e : ils ont « décroché » ! Il est extrêmement dommageable que certaines institutions ne reconnaissent pas le caractère d’utilité publique des Missions Locales.

Q : Vous parlez du Conseil Départemental et de son désengagement financier ?

MB : Une Mission Locale, c’est une association de loi 1901. A Grenoble, nous sommes financés à 95% par des fonds publics de l’Etat, de la Région, de Pôle Emploi, de la Ville et de la Métropole. Jusqu’en 2016, le Conseil départemental participait également au financement. Malgré la mobilisation d’élus de tous bords politiques, cet engagement a été remis en cause en 2016, après le changement de majorité. Concrètement, il s’agit d’une perte sèche de 104 000 € par an pour la Mission Locale de Grenoble et de 700 000 € pour l’ensemble des Missions Locales de l’Isère. Malgré quelques aides complémentaires de l’Etat sur des projets spécifiques et des financements supplémentaires sur appels à projet, nous avons dû nous réorganiser et mettre fin à des contrats temporaires.

Q : Pourtant, un travail de fond avait été mené depuis 2014 pour porter un projet solide pour la Mission Locale de Grenoble…

MB : Oui… Dès 2014, l’ensemble des salariés de la Mission Locale s’est mobilisé pour construire un véritable projet de structure en vue de préparer le contrat pluriannuel d’objectifs d’une durée de 3 ans présenté à l’ensemble de nos financeurs. Ce projet entérine le travail mené précédemment : mise en œuvre des Emplois d’avenir, le déploiement du PACEA (Parcours d’Accompagnement Contractualisé vers l’Emploi et l’Autonomie), départ annuel régulier de 50 jeunes vers des projets de mobilité à l’international… Il porte également de nouvelles ambitions, notamment avec la mise en place de la plateforme web ClicNJob (en partenariat avec Emmaüs Connect), de l’Aller Vers (qui permet aux jeunes de rencontrer des conseillers emplois sur leur lieu de vie, en partenariat avec le CODASE), l’organisation de job dating-interim (qui permettent de mettre directement en lien les jeunes et les entreprises),ou encore de la Garantie Jeunes.

Q : La Garantie Jeunes a été l’un des gros chantiers de la Mission Locale de Grenoble depuis 2014. Quel est son bilan pour sa première année ?

MB : En 2016, avec la Garantie Jeunes, dans le cadre d’une association intercommunale métropolitaine, nous avons accompagné 500 jeunes durant 12 mois. Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette Garantie Jeunes constitue une véritable évolution du travail de la Mission Locale vers un accompagnement plus collectif. Les jeunes y sont accueillis par groupes de 12 à 15 jeunes, par promotion chaque semaine, avec une contractualisation de l’accompagnement,  ouvrant droit à une rémunération de 470 euros par mois. (Pour ce dispositif, les Missions Locales sont subventionnées au résultat).

Les 5 premières semaines se déroulent intégralement en collectif. Un binôme de conseillers accompagne les jeunes à la fois sur la reprise de confiance en eux, sur l’appropriation des codes sociaux et sur la prospection des entreprises. L’objectif est de favoriser l’accès à l’emploi, à la formation et à l’autonomie par une mise en dynamique positive.

Q : Quels objectifs pour l’avenir de la Mission Locale ?

MB : Les résultats positifs de la Garantie Jeunes montrent que ce type d’accompagnement s’avère plus efficace en termes de résultats pour un retour vers l’emploi ou vers une formation. La Mission Locale devra s’en inspirer pour modifier ses pratiques et aller vers des accompagnements plus collectifs, tout en gardant la possibilité d’un accueil individualisé avec les jeunes qui en ont besoin.

Pour répondre aux enjeux de notre époque, il nous faudra veiller à améliorer la maîtrise des outils numériques des jeunes en insertion ayant quitté le système scolaire très tôt. Nous voulons également développer l’apprentissage ou encore mettre en place un dispositif pour la compréhension du français. Enfin, nous souhaitons inciter ces jeunes à participer à la vie de la Mission Locale comme membres consultatifs aux séances du conseil d’administration pour les inciter à devenir des citoyens à part entière.

Quelles que soient les évolutions à venir, notre objectif, tant du Conseil d’administration que de l’équipe des 42 Agents  reste le même : permettre à chaque jeune qui franchit le seuil de la Mission Locale,  de trouver un accès à la formation ou à l’emploi, en fonction de ses aptitudes, de ses goûts, et de pouvoir réaliser ses rêves de vie !