
La quinzaine de sensibilisation qui a lieu du 04 au 15 septembre 2017 poursuit les efforts engagés par la municipalité dans la lutte contre la prostitution. Un travail en partenariat avec les associations et les habitants pour lutter contre les préjugés en la matière, remettre la responsabilité du côté du client, et contribuer ainsi à la lutte contre les violences faites aux femmes. Elisa Martin, 1ère adjointe en charge de la Tranquillité Publique, répond à quelques questions sur ce sujet.
D’où vient l’idée d’organiser une quinzaine de sensibilisation sur la prostitution ?
Elisa M : « La quinzaine de sensibilisation sur la prostitution succède à une première campagne montée avec les habitants et les associations, avant l’entrée en vigueur début 2017 de la loi du 13 avril 2016. Pour rappel, cette loi a fait de la pénalisation du client un axe central de la lutte contre le système prostitutionnel. Cette première campagne intitulée « pas client, pas complice » visait à faire prendre conscience du phénomène et rappeler qu’acheter le corps de l’autre est un délit. De la même manière, la quinzaine de 2017 est l’aboutissement du travail avec les habitants, l’ADN38, l’Althea et l’Appart, associations spécialisées dans la prévention, la formation et l’accompagnement des personnes qui ont été, sont, ou risquent de devenir prostitué-e-s. Cela dessine une méthode basée sur le dialogue avec les habitants, et sur la place essentielle des associations et de leur parole, en tant qu’expertes de cette question. Ces campagnes correspondent aussi à la stratégie nationale de la lutte contre la délinquance. »
Quel est l’objectif de cette quinzaine ?
EM : « Il y a trois objectifs. Il s’agit déjà de poursuivre les efforts de sensibilisation pour changer les mentalités et provoquer une vraie prise de conscience des réalités subies par les personnes victimes de prostitution. C’est donc aussi de montrer et de rappeler que la responsabilité est du côté du client, ce que la loi du 13 avril 2016 a reconnu et sanctionné (1500 euros d’amende pour achat d’acte sexuel et 3750 en cas de récidive). C’est une façon de dire au grand public que les prostituté-e-s sont des victimes d’un système, pas les causes. A travers ce changement de mentalités et le rappel des responsabilités il s’agit de lutter contre les violences faites aux personnes victimes de la prostitution. La quinzaine est donc l’occasion d’aborder publiquement ce sujet. Notre démarche n’est pas morale mais républicaine. La République proclame l’égalité des droits, parmi lesquels celui de disposer de son corps et de ne pas être réduit à l’état d’objet. Enfin dans un contexte où les droits de la femme reculent, évoquer la réalité de la prostitution est une façon claire de lutter contre les violences faites aux femmes. »
Quelles sont les temps forts de cette quinzaine?
EM : « Il y a déjà l’exposition « Prostitutions, à quel prix » (04-15 septembre) qui retrace les témoignages de personnes en situation de prostitution à Grenoble : il s’agit d’un travail de fond de l’Appart et Althea pour recueillir leurs parcours de vie et mettre en image leurs propos, soit par la photographie, soit par la peinture, pour faire connaître ce qu’endurent moralement et physiquement ces femmes et ces hommes. Il y a ensuite le spectacle gratuit « Drive-in » (jeudi 07 septembre), une pièce théâtrale autour du commerce sexuel et de la question de la responsabilité du « client ». Puis, un cycle de conférences sera proposé avec le soutien des associations : il sera destiné à toutes et à tous, mais aussi plus particulièrement aux agents de la ville de Grenoble et du Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) confrontés à cette question. »
Quelles autres actions mène la municipalité contre la prostitution ?
EM : « Nous travaillons en étroite collaboration avec la police municipale et la police nationale, l’aide sociale à l’enfance, ainsi qu’avec la justice. Ce travail a permis notamment une meilleure reconnaissance du fait que la prostitution concerne beaucoup de mineures. Les efforts de la police et de la justice ont permis de démanteler des réseaux, et ce malgré des moyens insuffisants. Le travail avec les services de l’enfance est également essentiel, alors même que le département a retiré les éducateurs de rue des quartiers qui ne sont pas prioritaires. Par ailleurs, nous poursuivrons bien sûr le travail avec les associations et les habitants pour améliorer la prévention et la sensibilisation dans les quartiers. Les associations sont d’ailleurs en première ligne sur la garantie des droits des prostitué-e-s. Les diminutions drastiques des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales nous mettent dans une situation douloureuse car nous n’avons pas les moyens d’apporter plus de soutien aux associations. Pour autant, nous continuerons inlassablement à travailler avec elles pour porter le message encore plus loin, changer les mentalités, et former les agents municipaux en lien avec cette problématique. »