Il est grand temps que les Parlementaires se saisissent de la question de la légalisation du cannabis
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Depuis 2015, les Conseils Citoyens Indépendants peuvent poser une question au Maire en séance de conseil municipal. Lors du conseil municipal du 25 septembre 2017, une représentante du CCI-C questionne Eric Piolle sur la légalisation du cannabis. Retrouvez ici, en intégrale, la réponse du Maire.

« D’abord merci pour votre interpellation, qui montre bien que la question de l’évolution de la législation en matière de cannabis est désormais au cœur du débat public, qu’elle interpelle largement, élus comme citoyens, à Grenoble comme ailleurs. J’ai eu l’occasion de m’exprimer à de nombreuses reprises ces dernières années sur le sujet. Que cela soit en termes de santé publique ou de tranquillité publique, la situation actuelle est une impasse et je rejoins le cri d’alarme du procureur de Grenoble, de l’été 2017. Comme de nombreux pays étrangers, notre pays doit avoir la lucidité de constater que la législation actuelle est inefficace, voir contreproductive. C’est une question importante pour les habitants et les familles de notre pays, qui subissent au quotidien les troubles à l’ordre public liés au marché de contrebande. Aujourd’hui, nous savons que ces groupes violents sont organisés pour entrainer les plus jeunes dans leur trafic.

C’est une question importante aussi pour les forces de police qui, bien que très mobilisées sur le sujet, ont souvent le sentiment de vider la mer à la petite cuillère … sans que cela soit suivi des effets recherchés.

Votre question, madame, soulève ensuite un point qui me semble essentiel : oui, aujourd’hui, l’Etat doit reconnaitre les territoires pour ce qu’ils sont : des acteurs stratégiques du changement, que l’on parle de la transition démocratique, économique, écologique et sociale ou bien l’action de proximité au plus près des habitants. Le local n’est pas le bout de la chaine des pouvoirs administratifs : il est le premier acteur public au contact de la population, sur un territoire géographique donné. Oui,  il y a ici une révolution copernicienne que le Gouvernement doit opérer sur le rôle du local.

La première question à nous poser collectivement, sereinement, est : Quelle légalisation voulons-nous ? Un marché d’Etat ? Un marché privé réglementé par l’Etat ? Est-ce qu’une légalisation à l’échelle municipale du cannabis serait bénéfique pour notre territoire et pour celles et ceux qui y vivent ? Pourquoi Grenoble intramuros et exclure le territoire du bassin de vie métropolitain ? Les questions de santé, on le sait depuis les années 1980, ne s’arrêtent pas avec les frontières. Pas plus que les questions de tranquillité publique. Méfions-nous des idées simples qui, au final, n’aboutissent qu’à une seule chose : au mieux le statut quo, au pire le découragement. Méfions-nous des effets pervers.

La Ville de Grenoble a d’ores et déjà saisi des parlementaires afin que le débat public sur la légalisation du cannabis arrivent jusqu’à l’Assemblée Nationale. Il est grand temps. Je suis déjà en lien avec des parlementaires sur ce sujet.

De son côté, la Ville de Grenoble continue d’agir au plus près des habitants, que cela soit par sa présence sur le terrain, son travail de coordination étroit avec la Préfecture. Ou bien, et je laisserai Elisa Martin, première adjointe, vous détailler cela ultérieurement, la campagne de sensibilisation à venir dès cet automne. Une campagne destinée à faire prendre conscience l’acte d’achat de cannabis, aujourd’hui, nourrit les trafics et donc contribue à polluer le quotidien des grenobloises et des grenoblois.

Je souhaite également que cette question serve de support à quelque chose de nouveau : un travail législatif participatif avec les habitants de ce qu’un texte de légalisation nationale pourrait être. Le débat est là il faut a présent en faire quelque chose de partagé.

Grenoble ne pourra pas porter à elle seule la légalisation mais Grenoble et les grenoblois peuvent contribuer au débat, à travailler et à écrire la nouvelle loi. Ici aussi, Elisa Martin aura l’occasion de revenir sur ce sujet très prochainement. »