
Malgré l’annulation du dispositif d’interpellation et de votation citoyenne par le tribunal administratif de Grenoble, la municipalité a choisi de donner la parole aux porteurs de la pétition contre la démolition du 20 Galerie l’Arlequin en Conseil Municipal. Le débat s’est tenu le 18 juin dernier. Retour sur la vision du projet défendue par la majorité.
Réaffirmer le droit d’interpellation des citoyens
Rappelons que le dispositif d’interpellation-votation, mis en place en 2015, permettait à 2 000 pétitionnaires de +16 ans et sans condition de nationalité de porter une proposition en Conseil municipal, puis, si cette proposition n’était pas retenue, de la soumettre à la votation citoyenne. Suite à l’annulation par le tribunal administratif du dispositif, la municipalité a décidé de faire appel pour continuer à revendiquer le droit à l’expérimentation locale, notamment en matière de démocratie. Dans l’attente de ce nouveau jugement, et même si nous ne pouvons plus, en l’état, organiser de votations, nous avons fait le choix d’inviter les citoyen-ne-s porteurs de la pétition contre la démolition du 20 Galerie l’Arlequin en Conseil Municipal, une occasion de débattre d’un sujet majeur pour la Ville et ses habitants : le devenir d’un quartier populaire historique de Grenoble.
La priorité à l’amélioration de la qualité de vie à la Villeneuve
La Villeneuve est un quartier emblématique et nous croyons en son avenir. C’est là la conviction de fond de la municipalité. Le projet de renouvellement urbain des Villeneuves porté par la Ville de Grenoble est tout orienté à l’amélioration de la qualité de vie dans ce quartier. Le projet se distingue des précédents : il ne s’agit plus de « standardiser» le quartier, en fragmentant l’ensemble du bâti au moyen de démolitions pour créer des « percées » et des voiries en pied d’immeuble. Il s’agit de faire de la Villeneuve un « éco-quartier populaire » attractif, cœur de la centralité sud de la métropole Grenobloise, d’améliorer la qualité des logements publics comme privés, de préserver son parc, poumon vert dans la Ville, d’ouvrir le quartier sur son environnement en valorisant et prolongeant la végétation dans les endroits restés très minéraux comme nous l’avons fait sur les criques. Mais le projet va également au-delà du bâti : il comprend des actions pour les services publics, l’éducation, l’emploi, l’attractivité et la tranquillité.
Un ambitieux volet de réhabilitation de logements
La conviction de la municipalité n’a pas changé : la démolition n’est pas une solution en soi. D’ailleurs, c’est un aspect fondamental qu’il faut retenir du projet actuel: la volonté de limiter drastiquement les démolitions, et de réhabiliter un maximum de logements, en conservant naturellement la part de logement social. Or, aujourd’hui les financements manquent cruellement pour la réhabilitation de logements, qu’ils soient publics ou privés. La logique de la rénovation urbaine en France aujourd’hui est beaucoup plus à la démolition-reconstruction qu’à la réhabilitation de logements, d’autant plus quand il s’agit de logements sociaux. Mais la municipalité a fait le choix de lutter contre cette logique et de faire la démonstration qu’un projet essentiellement axé sur la réhabilitation a tout son sens : c’est un levier de changement réel et profond. Cette vision a été le fil rouge des discussions avec l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine et les bailleurs, principaux financeurs du projet. Résultat : avec un budget total de 373 millions d’euros, le projet prévoit la réhabilitation lourde de plus de 1100 logements sociaux (soit 30% du parc de logement social de Villeneuve Village Olympique) et de 350 logements privés, tout en limitant la démolition à 95 logements (soit 2,6% du total de logements sociaux sur ce même périmètre) afin de lier le quartier aux axes urbains et ainsi de rapprocher le parc du reste de la Ville. Sur le 10 Galerie de l’Arlequin, il faut rappeler que l’état du bâti est tel que seule une réhabilitation lourde a du sens : il ne s’agit pas d’un simple coup de peinture. Ces opérations (qui impliquent une restructuration des réseaux, ajout d’ascenseurs, rénovation thermique…) sont extrêmement couteuses.
Les enjeux du projet de renouvellement urbain des Villeneuves : une opportunité unique
Ce qu’il faut comprendre c’est que ce projet est le résultat d’un long travail partenarial qui lie les acteurs entre eux : le retrait d’un financeur signerait l’arrêt du projet dans sa globalité.
Face à cette réalité, la municipalité rappelle avec force qu’elle n’acceptera pas de statu quo à la Villeneuve : il est urgent d’intervenir contre la dégradation des logements et du cadre de vie en général dans ce quartier. L’accord que la Ville s’est attachée à construire avec l’ANRU, l’ANAH (Agence Nationale de l’Habitat), les bailleurs et la Métropole, souhaite rompre cette logique de démolitions massives, de mise aux normes des quartiers populaires, pour arriver à un plan de rénovation majeur pour les logements publics et privés. La démolition de son logement est toujours une expérience difficile, car il y a de la mémoire, des histoires de vie, des relations de voisinage et de proximité. C’est pourquoi la municipalité a souhaité mettre tout l’accent pour garantir l’accompagnement des habitant.e.s et, bien sûr, leur relogement, à la Villeneuve même s’ils le souhaitent. Ces conditions sont garanties par un protocole de relogement voté lors du Conseil Municipal du 14 mai dernier.
Continuer à dialoguer, commencer à se mobiliser collectivement
A l’issue du débat, la municipalité s’est engagée à porter le projet au Comité d’Engagement de l’ANRU qui se tiendra en juillet prochain, ainsi qu’à transmettre à ce comité la diversité des opinions exprimées lors du débat du 18 juin dernier en Conseil Municipal. Bien sûr, le dialogue continuera avec les habitants des Villeneuves : le projet s’est construit autour de nombreux temps de concertation, et il n’y a aucune raison pour que cela change dans l’avenir. Un dialogue d’autant plus important compte tenu du contexte actuel que traversent les bailleurs aujourd’hui. Car nous sommes face, avec la Loi Elan notamment, à une grave remise en cause du modèle français du logement social. Les pertes engendrées par les mesures du gouvernement (réduction des APL compensée par les bailleurs, augmentation plafonnée de la TVA à 10%) pour les bailleurs sur le territoire de la Métropole sont estimées à 20 millions d’euros par an. C’est un contexte menaçant pour les bailleurs, et il n’y aura peut-être pas d’autre opportunité d’engager un projet de renouvellement urbain à la Villeneuve. Nous avons besoin d’unité et de volonté, collectivités locales, bailleurs, et habitants, pour faire aboutir ce projet dans un contexte aussi difficile.