
Le 5 novembre 2018, le conseil municipal de Grenoble a adopté un voeu demandant notamment aux chef·fes d’États et de Gouvernements européens d’établir au plus vite un « Pacte Finance-Climat, qui assurerait pour les 30 prochaines années les besoins de financement à la hauteur des enjeux destinés à conduire la transition écologique et solidaire sur le territoire européen et à renforcer notre partenariat avec les pays de l’hémisphère Sud.
Les alertes sur les conséquences désastreuses du dérèglement climatique et les appels à une prise de conscience à toutes les échelles de responsabilité se multiplient et s’intensifient.
Le 31 octobre 2017, l’Organisation des Nations Unies alertait solennellement les États sur l’écart « considérable » qui existe entre les engagements gouvernementaux pris lors de la COP 21 et la baisse réelle des émissions de gaz à effets de serre. Pour limiter le réchauffement global à 2 degrés, ces engagements prévoyaient une baisse de 20 % des émissions de CO2. Or, si nous continuons sur la voie actuelle, celles-ci resteraient en augmentation, passant de 51,9 milliards de tonnes en 2016 à 52,8 milliards de tonnes en 2030.
Le 8 octobre 2018, le rapport annuel du GIEC sonnait comme un nouveau cri d’alarme : si rien n’est fait dès aujourd’hui, le réchauffement global de la planète atteindra les 3°C d’ici 2050. Avec des conséquences désastreuses et multiples : sécheresses, canicules, inondations, ouragans, qui entraîneront des bouleversements agricoles, économiques et politiques, ainsi que des déplacements de populations, des famines, et le décès de millions de personnes. Tous les pays seront concernés, et à moyen terme, c’est bien la paix mondiale et l’avenir de nos civilisations qui sont en jeu.
Véritables sentinelles du climat, les Alpes sont deux fois plus impactées par les bouleversements climatiques en cours. La fonte des glaciers y a atteint un point de non retour. En 2018, le lac d’Annecy a atteint son niveau le plus bas. Et àPaladru, la cité lacustre des Chevaliers de l’an mil, habituellement sous deux mètres d’eau, est réapparue à l’air libre. Le Mont Blanc et de nombreux autres sommets s’effrite de plus en plus, la fonte des glaces entraînant des éboulements à répétition.
A Grenoble, une étude réalisée en septembre 2018 illustre ce que signifierait le dérèglement climatique pour notre territoire : les étés caniculaires tels que celui de 2003 deviendraient la norme (46 jours de canicule par an en 2050 au lieu de 3 jours en moyenne aujourd’hui) alors que la neige sur nos montagnes se ferait de plus en plus rare en hiver. Le tout accompagné d’inondations, de feux de forêts et de mouvements de terrains plus fréquents.
Dans un tel contexte, nous sommes appelés à réduire drastiquement et très rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Comme le rappelle le GIEC, nous avons toutes les cartes en main pour agir et éviter le scénario catastrophe. En même temps que la mobilisation des scientifiques, », les citoyen·nes s’organisent à travers des « marches pour le climat », organisées dans plusieurs villes de France, qui démontrent leur préoccupation grandissante sur ces enjeux et leur volonté d’agir et de faire agir. Car oui, à tous les échelons, nous pouvons et nous devons tous agir.
A Grenoble, ces préoccupations sont prises à bras le corps par la Ville et la métropole et tous les leviers pour à la fois éviter le pire des scénarios, mais aussi s’adapter aux changements déjà en cours, sont actionnés : des actions sont entreprises sur la construction de bâtiments exemplaires (logements, écoles, gymnases, théâtre,…) avec des normes énergétiques 20% supérieures à la réglementation nationale depuis 2014 ; pour les logements, le dispositif Mur-Mur a été amplifié pour isoler l’existant ; sur les mobilités en renforçant la part modale des modes de transports actifs et en améliorant les transports en commun ; sur la maîtrise de nos consommations énergétiques par la rénovation notamment énergétique du patrimoine de la Ville (dont les écoles) ou encore un Plan lumière ambitieux qui divise par 3 les consommations ; sur l’aménagement de la ville en renforçant la présence de la végétation et de l’eau pour lutter contre les îlots de chaleur. Sur l’énergie, ce sont GEG et la Compagnie de Chauffage, deux outils publics gérés par la Ville et la Métropole, qui développent des énergies renouvelables non-carbonées . Sur l’alimentation, en augmentant la part d’alimentation biologique et locale dans les restaurants scolaires.. Avec dans l’ensemble de ces politiques une prise en compte des disparités sociales et économiques (tarification solidaire dans les transports, l’eau et l’énergie, aides à la rénovation énergétique et au chauffage au bois performant…) pour que ce mouvement de fond pour un territoire plus vivable puisse profiter à tous·tes et concernent tous·tes.
Il faut cependant agir à tous les niveaux : les États et l’Europe ont un rôle important à jouer, surtout depuis le retrait des États Unis de l’accord de Paris. Il est primordial de démontrer qu’il est possible de diviser par 4, voire 5, les émissions de gaz à effet de serre tout en créant massivement des emplois. Enfin, en tant qu’acteur majeur de l’industrialisation de la production et de la mondialisation des échanges de ressources et de biens, il est tout aussi fondamental que l’Europe entreprenne sa troisième révolution industrielle, attentive aux limites biophysiques de la planète, à la couverture des vulnérabilités liées à un environnement devenu insalubre et aux besoins financiers des pays du Sud pour mener leur propre lutte contre le réchauffement climatique.
Le collectif 2020 pour un « Pacte Finance – Climat » européen réunit des citoyens et citoyennes de tous milieux, des femmes et des hommes politiques de tous bords, des chefs d’entreprises et des syndicalistes, des intellectuel·les et des universitaires, des salarié·es, des chômeur·ses, des paysan·nes, des artistes et des artisans, des responsables associatifs engagé·es sur de multiples terrains d’actions. Tous et toutes sont convaincu·es de la responsabilité particulière de l’Europe à l’égard des défis que devra affronter l’humanité au cours de ce siècle et de la nécessité dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui d’inventer, de toute urgence, une réponse claire et ambitieuse à y opposer.
Avec les signataires de cet appel, le Conseil Municipal de Grenoble demande aux chef·fes d’États et de Gouvernements européens
- d’établir au plus vite un « Pacte Finance-Climat, qui assurerait pour les 30 prochaines années les besoins de financement à la hauteur des enjeux destinés à conduire la transition écologique et solidaire sur le territoire européen et à renforcer notre partenariat avec les pays de l’hémisphère Sud.
- De mettre la création monétaire de la Banque Centrale européenne au service de la lutte contre le dérèglement climatique
- De créer un impôt européen sur les bénéfices (de l’ordre de 5%) qui permette de dégager un véritable budget pour investir dans la recherche et lutter contre le dérèglement climatique, en Europe, sur le pourtour méditerranéen, en Afrique et en Asie du Sud.