
Le 17 janvier 2019, Jacques Toubon, défenseur des droits, lançait un cri d’alarme : le passage au tout numérique, en cours dans de nombreuses institutions nationales, se traduit par un « véritable recul de l’accès aux droits ». Pourtant rien n’empêche d’avoir un développement harmonieux et équitable du numérique. A Grenoble nous conjuguons depuis longtemps équité et modernité. Et pour aller encore plus loin, nous nous apprêtons à adhérer, lors du Conseil municipal du 4 février , au réseau des « villes pour les droits numériques ».
Agir contre l’exclusion numérique
Le risque de rupture avec le service public que crée la numérisation croissante d’un certain nombre de services est réel : c’est la raison pour laquelle, à Grenoble, comme bien d’autres collectivités mais contrairement aux administrations d’Etat, nous avons fait le choix de maintenir des guichets physiques pour toutes les démarches administratives, mais aussi d’accompagner citoyens et citoyennes dans cette transition. Dans les bibliothèques ou les maisons des habitants, des ordinateurs sont à disposition et des agent-es accueillent et accompagnent tous les publics, notamment les plus fragiles. De nombreuses associations que nous soutenons interviennent aussi pour ne laisser personne sur le carreau !
Agir pour la protection de la vie privée
La numérisation de la société a aussi d’autres conséquences, dont on parle peu : les risques de dérives en matière de surveillance généralisée ou de privatisation des données par les géants du net ne sont pas à prendre à la légère. C’est pourquoi sur nos sites web, les mouchards déposés par ces acteurs peu scrupuleux sont en train de disparaître pour être remplacés par des outils vertueux d’analyse et de lien vers les réseaux sociaux. Nous avons également embauché un responsable de la sécurité de systèmes d’information et nous sommes mis en conformité avec le règlement général de protection des données en désignant un Délégué.
Les logiciels libres ; reprendre en main sa vie numérique !
Labellisée Territoire Numérique Libre, ville adhérente de l’April, Grenoble déploie des logiciels libres dans les écoles et l’administration pour ne plus dépendre d’éditeur-trices privé-es et assurer sa souveraineté technologique.
Un logiciel libre garantit l’accès sans discrimination à des outils numériques durables et plus respectueux des usagers. A l’opposé des logiciels propriétaires qui enferment les utilisateurs dans des solutions dont le cycle de vie et les usages sont déterminés par des stratégie commerciales fortes, ce système transparent basé sur le partage, l’accessibilité et la mutualisation des connaissances offre des alternatives aux outils des géants du monde de l’informatique. Les logiciels libres sont basés sur des logiques durables. Elles garantissent la protection et la pérennité des données tout en luttant contre l’obsolescence programmée logicielle et matérielle.
A Grenoble, les écoles sont en train d’être équipées de l’environnement primtux (Linux dédié à la pédagogie) et l’ensemble des agent.es de la Ville utiliseront désormais la suite bureautique libre Libre Office.
Ouvrir les données pour plus de partage et de transparence
Rendre accessibles les données publiques, c’est faire œuvre de transparence, et participer à la diffusion et au partage de la connaissance : la donnée publique est un bien commun ! A parti de ces informations, citoyen.nes, entreprises, chercheur.euses, journalistes… peuvent proposer des usages nouveaux comme rendre visible l’absence de noms de femmes dans l’espace public ou informer des travaux près de chez-soi.
Mais c’est aussi élargir l’accès à la culture, en rendant public et librement réutilisables en ligne les collections de nos institutions culturelles, comme le Muséum de Grenoble. En partenariat avec Wikimédia France nous allons travailler à rendre le plus visibles possibles ces informations, tout en donnant envie d’aller les voir sur place !
Le réseau des villes pour les droits numériques
Face à ces enjeux qui sont des enjeux sociétaux, la Ville ne peut agir seule. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’adhérer au réseau des « Villes pour les droits numériques » (« cities for digital rights »), qui s’est donné pour ambitieux objectif de « protéger et faire respecter les droits humains sur Internet aux niveaux local et mondial ». En rejoignant, entre autres, Barcelone, New York et Amsterdam, nous nous réjouissons de partager actions et informations, de participer à des rencontres annuelles et de contribuer ainsi, à notre échelle, à l’élaboration d’un monde numérique pour tous et toutes, qui respecte les libertés fondamentales.