Grenoble fait la chasse aux perturbateurs endocriniens
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Grenoble est engagée depuis de nombreuses années pour la santé de ses habitant·es. C’est dans cette tradition que s’est inscrite notre majorité dès 2014, en faisant, par exemple, de la lutte pour la qualité de l’air extérieur et intérieur une priorité. En matière de santé publique, un nouveau pas va être franchi au conseil municipal de mai 2019, cette fois-ci dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens.

Les perturbateurs endocriniens : qu’est-ce que c’est ?

D’après l’OMS, les perturbateurs endocriniens sont « des substances chimiques d’origine naturelle ou artificielle étrangères à l’organisme qui peuvent interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et induire ainsi des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants ». Il en existe plusieurs types dont le bisphénol A (utilisé pour la fabrication de plastiques et résines), les phtalates (retrouvés dans les chlorures de polyvinyle (PVC) ou les cosmétiques), les parabènes (employés également dans les cosmétiques), les pesticides ou produits phytosanitaires (dont l’utilisation est interdite depuis le 1er janvier 2017 dans les collectivités et depuis le 1er janvier 2019 par les particuliers, car la plupart sont des perturbateurs endocriniens).

Quels effets ont les perturbateurs endocriniens sur notre santé ?

Les voies d’exposition aux perturbateurs endocriniens sont de trois ordres : par ingestion, par inhalation ou cutanée. Toutes les études scientifiques convergent pour démontrer qu’ils sont les principaux responsables de l’explosion de nombreuses maladies chroniques non infectieuses : cancers hormonodépendants (de la thyroïde, de la prostate, certains cancers du sein…), obésité, diabètes, troubles neurologiques, puberté précoce, stérilité…

Lutte contre les perturbateurs endocriniens : une mobilisation internationale et locale

Sur le plan international, l’OMS et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement considèrent les perturbateurs endocriniens comme une menace mondiale à laquelle il faut apporter une solution. Alors que l’Union européenne peine à affirmer une position viable sur ce sujet, la France a fait un premier pas en adoptant en avril 2014 une Stratégie Nationale Perturbateurs Endocriniens qui fixe comme objectif de « réduire l’exposition de la population aux perturbateurs endocriniens ». Au niveau local, Grenoble agit déjà : engagé dans une démarche 0 phyto depuis une dizaine d’année, la Ville a fait de la promotion d’un environnement et d’un cadre de vie favorables à la santé une des priorités de son Plan Municipal de Santé 2016-2020. Ce qui s’est traduit par plusieurs actions et projets contribuant à la réduction de l’exposition aux perturbateurs endocriniens (50 % bio et/ou local à la cantine, actions de sensibilisation des agent·es et professionnel·les de la petite enfance, accent mis sur la qualité de l’air intérieur, introduction de clauses environnementales et de santé dans de nombreux marchés publics de la ville…).

Grenoble s’engage contre les perturbateurs endocriniens

Grenoble a décidé d’aller encore plus loin en adhérant à la Charte des Villes et territoires sans Perturbateurs Endocriniens (lors du conseil municipal de mai 2019). L’objectif est clair : faire la chasse aux perturbateurs endocriniens sur le territoire à travers un plan d’actions municipal 2019-2022 qui se donne 5 axes de travail pour y parvenir :

  • Interdire l’usage des produits phytosanitaires et biocides contenant des perturbateurs endocriniens sur le territoire municipal d’ici 2022 en sensibilisant, et accompagnant tous·tes celles et ceux désirant ne plus les utiliser ;
  • Réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens dans l’alimentation en développant la consommation d’aliments biologiques et en favorisant dans la restauration collective, l’usage de contenants en verre et/ou en inox d’ici 2022.
  • Favoriser l’information de la population sur la dangerosité des perturbateurs endocriniens. La Ville a déjà commencé à le faire auprès des services municipaux concernés (marchés, écoles…) ; elle étendra cette information et sensibilisation dès 2019 à toute la population et notamment aux professionnel·les de santé et de la restauration.
  • Elaborer des recommandations d’éco-conditionnalité dans les contrats et les achats publics.
  • Limiter les expositions aux perturbateurs endocriniens dans les 1000 premiers jours de l’enfant dans les établissements de la Ville et de son CCAS, en particulier en limitant l’usage de produits cosmétiques.