Depuis les années 1950 et la généralisation de la production et de l’usage de pesticides, notre nature a été défigurée, changeant le visage de nos campagnes comme celui de nos villes : le tiers des oiseaux a disparu en quinze ans ; la moitié des papillons en vingt ans, les abeilles et les pollinisateurs meurent par milliards ; grenouilles et sauterelles semblent comme évanouies ; les fleurs sauvages deviennent rares.
Du latin pestis (fléau) et caedere (tuer), les pesticides détruisent la vie. Ce sont des poisons. Ils sont dans l’eau de surface et dans l’eau souterraine, dans l’air extérieur et dans l’air intérieur, dans le sol, dans nos denrées alimentaires. Ils pénètrent dans l’estomac des abeilles, dans le cordon ombilical des nouveau-nés, dans le nid des oiseaux, dans le lait des mères, dans les pommes et les cerises.
Personne ne peut se protéger des pesticides. En 2017, l’ONG Générations futures a analysé des échantillons d’urine chez des Françaises et des Français des deux sexes, de 8 à 60 ans, vivant en ville et à la campagne, mangeant bio ou non, mangeant végétarien ou non. Tous et toutes présentaient des traces de pesticides dans leurs urines. Un taux de 100 % qui n’épargne personne, ni les hommes, ni les femmes, ni les enfants.
En 2018, l’Assemblée nationale, à travers le rapport d’information sur l’utilisation des produits phytopharmaceutiques, se basant sur les études de l’INSERM, mettait en avant les risques les plus fréquemment identifiés des pesticides sur notre santé : facteur de risque accru pour les cancers de la prostate, du sang, du système lymphatique, et de la peau ; facteur de risque pour le développement des enfants exposés en période prénatale, périnatale ou au cours de la petite enfance. En outre, une étude de Santé publique France pointait, en 2018, une augmentation sensible de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs et les agricultrices, qui sont parmi les populations les plus exposées aux pesticides. Pour ces mêmes agriculteurs et agricultrices, la maladie de Parkinson peut être reconnue, depuis 2012, comme maladie professionnelle. Les pesticides, eux, sont toujours épandus sur les cultures.
Bien que consciente des risques liés à l’usage des pesticides, la France en est le premier pays européen consommateur. A l’échelle locale, certaines collectivités, déjà, agissent. A Grenoble, les produits phytosanitaires sont bannis de l’espace public depuis 2010, des cimetières depuis 2014. Dans plusieurs collectivités, rurales comme urbaines, pour un enjeu de santé publique, des maires signent des arrêtés anti-pesticides qui sont « dans la foulée » suspendus par les tribunaux administratifs.
Partout, les voix se lèvent : nous ne voulons plus de pesticides. Nous voulons un monde sain pour nos enfants. Nous voulons des agriculteurs et des agricultrices qui ne mettent pas leur vie en péril pour nous nourrir. Nous voulons des abeilles dont le rôle est indispensable pour notre survie. Nous voulons que manger ne soit plus un risque. Nous voulons des oiseaux, des grenouilles, des sauterelles. Nous voulons des coquelicots.
Grenoble rejoint l’Appel des coquelicots, qui demande l’interdiction de tous les pesticides de synthèse.
Le conseil municipal :
- Soutient les victimes de maladies professionnelles et demande des mesures visant la réparation intégrale de leur préjudice.
- Demande au gouvernement et à l’Assemblée nationale d’accélérer les mesures d’accompagnement des agriculteurs et agricultrices dans la mutation de leur modèle de production agricole. Cela, afin de permettre à la fois une juste rémunération de leur travail et une sortie rapide et effective des pesticides de synthèse.